Également disponible en téléchargement.

Introduction

Le 27 septembre, la population suisse a accepté le Projet Air2030 à une très courte majorité. Ce résultat serré met en évidence la forte opposition au sein de la population à des dépenses de plusieurs milliards pour des avions de combat de luxe. Le 30 juin 2021, le Conseil fédéral a décidé d’acheter 36 F-35A Lightning II de Lockheed Martin pour plus de 5 milliards de francs, montrant ainsi qu’il n’est absolument pas prêt à faire un pas en direction de la plus grande minorité possible, les 49,9% qui ont voté NON en septembre dernier. 

Bien entendu, les résultats serrés font partie de la démocratie et doivent être respectés. Néanmoins, si la population n’avait pas voté sur un arrêté de planification opaque et anti-démocratique mais sur un projet d’acquisition concret avec un modèle d’avion de combat en particulier, le résultat aurait certainement été différent. À noter que durant la campagne, les deux modèles états-uniens sont clairement ressortis comme étant les plus controversés. Il s’agit donc maintenant d’éviter le pire et de permettre à la population de s’exprimer au sujet d’un projet d’acquisition concret. Il est hors de question que la Suisse achète un avion de combat furtif extrêmement cher à l’entretien tel que le F-35. De plus, avec le F-35, la CIA est toujours à bord et la Suisse n’aurait même pas complètement accès aux codes-source des programmes. La Suisse ne pourrait donc pas utiliser ces avions de combat de manière autonome. 

Des arguments contre le F-35

Trop grands, trop chers

La raison pour laquelle un avion de combat destiné à la Suisse doit être équipé d’une technologie furtive, comme c’est le cas pour le F-35, est loin d’être claire. De plus, il est prévisible que cette technologie devienne obsolète dans les prochaines années en raison des nouvelles techniques de détection.

Le F-35 est un jouet de luxe surdimensionné et hors de prix pour quelques officiers de l’armée. Ce point de vue est partagé par l’officier le plus haut gradé de l’armée de l’air américaine, Charles Brown, qui a qualifié le F-35 de Ferrari utilisée de manière totalement erronée. D’autres membres haut gradés des forces armées américaines qualifient même le F-35 d’avion sans intérêt.

Il s’agit là d’un avion surdimensionné conçu uniquement pour le combat et non pour les missions de pour les missions de police du ciel, qui doivent être remplies de manière indiscutable. Si cet avion de combat de luxe est utilisé pour les missions quotidiennes de la police du ciel, le matériel s’usera bien trop vite. Ces avions deviendront alors un gouffre financier, chose que la Suisse ne peut absolument pas se permettre suite à la pandémie. Envoyer un avion de guerre comme le F-35 dans les airs pour intercepter des avions de ligne, de tourisme et de sport n’a absolument aucun sens. Des avions de combat légers suffisent amplement pour ces missions et nous soutenons leur achat. 

« Life Cycle Costs » élevés

Divers rapports venant de l’étranger montrent que si la Suisse devait acheter le F-35, elle devrait compter avec d’énormes coûts sur l’ensemble de leur durée de vie. Une heure de vol avec un F-35 coûte actuellement 44’000 $ à l’US Air Force, bien que Lockheed Martin promette depuis des années une réduction à 25’000 $ d’ici 2025. Le gouvernement canadien a commandé une étude au célèbre cabinet d’audit KPMG, qui conclut que le F-35, avec un volume d’achat de 9 milliards de dollars canadiens, coûterait plus de 45 milliards de dollars canadiens sur toute sa durée de sa vie. Cela correspond à un facteur de 1 à 5 par rapport au prix d’achat seul. En faisant le même calcul pour la Suisse, cela correspondrait à un spectaculaire coût total de 25 milliards de francs suisses pour un prix d’achat de six milliards de francs. L’ancien chef de l’armée, André Blattmann, table sur des coûts annuels se montant à 12 % du prix d’achat, ce qui donnerait des coûts de cycle de vie de 23 milliards de francs sur 30 ans.

Le ministère norvégien de la défense, qui a acheté des avions de combat F-35, s’appuie quant à lui sur un facteur de 3,75. Pour la Suisse, cela signifierait des coûts totaux de 18.75 milliards de francs, ce qui est nettement plus élevé que l’estimation du DDPS, qui pour les nouveaux avions de combat, table sur des coûts totaux de 15.5 milliards de francs suisses sur l’ensemble de la durée de vie des avions. Des coûts aussi importants sur toute la durée de vie des nouveaux avions de combat mettraient d’autres secteurs de l’armée sous une pression massive pour qu’ils fassent des économies ou obligeraient le Conseil fédéral à augmenter encore plus fortement le budget de l’armée, ce qui entraînerait des coupes budgétaires dans d’autres départements. L’Espagne et le Japon sont également aux prises avec les coûts élevés du F-35 pour les missions de police du ciel. L’Espagne a déjà opté pour un avion plus léger. En fait, l’utilisation de super-avions de combat pour des missions de police aérienne revient à tirer sur des moineaux avec des canons. Non seulement c’est complètement absurde, mais cela entraînerait la dépense de centaines de millions de francs issus de nos impôts. Il faut empêcher cette folie.

Peut-il voler ?

Même après des décennies de développement, le F-35 reste l’enfant à problèmes de l’armée de l’air et de la marine américaine. Outre des incidents amusants tels que son incapacité à voler en cas d’orage, ce modèle présente des défauts techniques importants :

Au lieu de continuer à investir dans l’amélioration du programme F-35, les hauts responsables militaires américains envisagent aujourd’hui ouvertement de développer un avion de combat entièrement nouveau ou de revenir au F-16. Récemment, par exemple, le chef d’état-major de l’armée de l’air américaine Charles Q. Brown, a déclaré que le F-35 était un échec Christoph Miller, secrétaire à la défense par intérim sous Trump, a même qualifié le jet de « morceau de merde ». On peut donc se demander si la Suisse doit vraiment acheter un jet qui pourrait ne plus être produit et développé pour les États-Unis dans quelques années seulement.

Inadaptés aux situations réelles de conflit 

Les partisans des nouveaux avions de combat aiment souligner que la Suisse et l’armée suisse doivent être préparées à tous les scénarios, aussi improbables soient-ils. Cependant, en cas de guerre, qui est la seule autre situation opérationnelle pour les avions de combat en dehors des tâches de police aérienne, les avions de combat sont totalement inadaptés. Les guerres actuelles, comme le conflit au Haut-Karabakh ou le conflit dans l’est de l’Ukraine, montrent que les avions de combat ont joué un rôle secondaire, voire nul, dans la guerre. Au lieu de cela, des drones moins chers et des armes guidées ont été de plus en plus utilisés. Les missiles balistiques Iskander-M de fabrication russe, tels que ceux utilisés par l’Arménie, ont une portée pouvant atteindre 500 km. Ceux-ci paralyseraient en quelques heures l’ensemble des forces aériennes suisses en détruisant les pistes de décollage.

L’ancien chef de l’Armée suisse André Blatmann partage cet avis. Ainsi, selon lui, les avions de combat sont conçus pour faire face à des adversaires qui n’existent plus vraiment dans les crises et les conflits à proximité de la Suisse. 

Quelle est l’influence des USA ?

Deux officiers américains sont déjà stationnés à Dübendorf pour inspecter régulièrement les systèmes d’armes et les avions achetés aux États-Unis. Le fondement de cela est la rigoureuse législation ITAR des États-Unis, selon laquelle les États-Unis restent les seuls responsables au niveau mondial de la conservation des composants techniques particulièrement sensibles. Le contrôle du logiciel du F/A-18 reste entre les mains du fabricant Boeing. La Suisse doit obtenir l’autorisation de Washington pour le tir de missiles guidés de courte portée. Le système de navigation ne fonctionne également qu’à l’aide de codes qui sont livrés une fois par mois depuis les États-Unis. La complexité technique croissante rend la Suisse encore plus dépendante des États-Unis. Le système ODIN installé dans le F-35 par exemple, fournit à Lockheed Martin des données de mission après chaque vol. Officiellement, cela est censé garantir le réapprovisionnement automatique des pièces de rechange, mais le système va bien plus loin. De cette manière, la Suisse fournit également à l’armée américaine des informations détaillées sur ses missions et bien d’autres choses encore.

On peut supposer que la Suisse ne serait pas en mesure de maintenir sa souveraineté aérienne contre la volonté des États-Unis. Soit les avions de combat resteraient directement au sol en raison de portes dérobées intégrées, soit ils seraient empêchés de décoller au plus tard si la fourniture de pièces de rechange par les fabricants ne se concrétise pas. Si cette chaîne d’approvisionnement est interrompue, les avions pourraient ne plus pouvoir voler dans les six mois. Dans le cas de missions plus longues, comparables à la guerre en Irak au début des années 2000, la Suisse pourrait également être contrainte de laisser les avions de combat étatsuniens la survoler.

Le complexe militaro-industriel et les forces armées des États-Unis veillent à ce que les intérêts économiques et géostratégiques du gouvernement et des grandes entreprises soient sauvegardés, si nécessaire, par la force ou l’intervention militaire. Lockheed Martin compte parmi les plus grands producteurs de biens militaires. L’entreprise produit des armes nucléaires ainsi que d’autres armes prohibées. La Suisse paierait donc cinq milliards à une société qui produit des armes interdites en Suisse.

L’armée américaine ne cache pas que la vente de biens militaires sert également à promouvoir ses propres intérêts. Avec le développement considérable des communications entre les différents systèmes militaires, le risque existe que les avions suisses ne soient pas seulement utilisés à l’avenir pour protéger l’espace aérien suisse. Jusqu’à présent, le DDPS n’a pas éclairci ce point, qui soulève pourtant de nombreuses questions. Avec un avion de combat étatsunien, la Suisse ferait un pas de plus en direction de l’OTAN. Dans le cas du F-35, par exemple, il est annoncé très ouvertement quel est l’objectif réel d’une vente de cet avion : l’intégration de tous les utilisateurs dans une structure militaire commune.

Texte d’initiative

Initiative populaire fédérale « Contre le F-35 (Stop F-35) » 

La Constitution est modifiée comme suit :

Art. 197, ch. 13

13. Disposition transitoire ad. art. 60 (Organisation, instruction et équipement de l’armée) 

1 La Confédération n’achète pas d’avions de combat de type F-35. 2 Le budget de l’armée est adapté en conséquence.
3 La présente disposition cesse de produire effet le 1er janvier 2040.

© 2024, Comité «Stop F-35» Built with ♥️ | Webdesign by K.